L’erreur serait de se débarrasser totalement du biologique pour penser la réalité homme-femme. Nos sociétés éprises de liberté et d’égalité ne peuvent pas revendiquer une création libre des identités sexuelles pour tenter de dépasser les inévitables différences naturelles qui sont perçues par certains comme sources d’inégalités injustes.
- 1. Évidente pendant des siècles, la question de l’identité homme-femme est devenue une thèse débattue récemment autour du concept de « genre ». Cette question n’a pas à être traitée sous l'angle unique de la foi catholique : elle doit l’être également sous celui de la raison philosophique, car ce débat concerne l’avenir des sociétés contemporaines et l’être humain dont la définition, la sexualité et la spécificité sont aujourd’hui remises en question. L’identité sexuée semble considérée comme une menace pour l’égalité, et le donné naturel comme un obstacle à la liberté.
- 2. Historiquement, le concept de « genre », qui a reçu plusieurs définitions, est apparu dans le champ des sciences humaines dans les années 1950, pour penser les cas limites de personnes ne se reconnaissant pas dans leur sexe anatomique. Il a donné ensuite lieu aux « études de genre », qui décrivent, de manière légitime, la représentation sociale et psychique que l’on peut avoir de soi-même indépendamment de son sexe biologique.
- 3. Récemment, ces études ont été utilisées par certains pour élaborer une certaine théorisation philosophique radicale en vue de « dépasser les inégalités et les contraintes de la nature ». C’est ainsi qu’est née une théorie qui revendique la création libre au nom de l’égalité des identités sexuelles comme moyen de dépasser les différences naturelles, la loi naturelle, sans aucune limite.
- 4. L’erreur de cette théorisation radicale du genre est de se débarrasser totalement du biologique pour penser la réalité homme-femme. La personne humaine n’est certes pas soumise aux seules lois biologiques, comme le sont les animaux. Mais on ne peut à l’évidence pas nier que le corps est sexué et en tenir compte pour penser l’être humain, sa vie, ses relations, sa filiation et la famille sans les fonder sur la différence sexuelle. La redécouverte des identités sexuelles est un défi lancé par les excès de cette théorisation et c’est un défi salutaire car il est lourd d’enjeux pour les relations sociales à venir.