Alors que les discussions concernant l’adoption de la PMA semblent bien parties pour donner lieu à des débats binaires tels que nombre de commentateurs et analystes les affectionnent souvent dans notre pays ....
Le spectacle à venir est assuré, réactionnaires contre progressistes, homophobes contre « homophiles », anciens contre modernes etc, etc ... schémas contre schémas ...
Les vraies questions que le sujet ne manque pas de poser risquent fort cependant d’être éludées au profit de considérations passionnelles et émotionnelles pour ne pas dire hystériques très peu susceptibles de conduire le pays vers la voie de la raison et de la réflexion collective féconde ....
Alors que le désir d’enfant chez les personnes homosexuelles est légitime, peut-il pour autant se réduire à un question d’accès à l’égalité mais encore à la revendication d’une prétendue lutte contre une insupportable discrimination ?
En quoi l’impossibilité de procréer qui est une donnée objective du couple homosexuel peut-elle être considérée comme une véritable discrimination qu’il appartiendrait à la société et à l’etat de réparer ?
Un Etat doit-il légiférer à partir des émotions et des inclinaisons subjectives de chacun ou bien à partir de la raison ?
Assumer pleinement son homosexualité ne revient-il pas à en assumer les limites ?
Si l’infertilité d’un couple hétérosexuel est assimilable à une maladie contre laquelle un traitement médical est offert, un couple homosexuel par définition infertile et donc pas malade, justifie-il le bénéfice d’un traitement ?
Alors que nombre de partisans de la PMA pour les couples de femmes et de la GPA pour les couples d’hommes se parent de la vertu de la lutte contre l’homophobie pour justifier leur « combat », comment expliquer que nombre d’homosexuels refusent de servir de caution morale à cette lutte et à ce qu’ils appellent une vision régressive de l’humain ?
La légalisation de la PMA pour tous les couples de femmes n’ouvre-t-elle pas un boite de Pandore qui mènera fatalement à terme à la légalisation de la GPA afin de permettre aux couples d’hommes d’avoir eux aussi un enfant ?
Au nom de quoi d’ailleurs les homosexuels hommes n’auraient-ils pas eux aussi le droit d’avoir accès à cette technique (GPA) ?
Tous les farouches partisans de la PMA affirment le contraire, y compris notre premier ministre dont le changement d’opinion sur le sujet, changement certes assez prévisible n’apparaît pas fondé sur des bases très solides. A-t-il vraiment bien réfléchi ? Lui a-t-on seulement demandé de le faire ?
L’idée selon laquelle un couple homosexuel peut tout aussi bien voire tout aussi mal, élever un enfant qu’un couple hétérosexuel, suffit-elle à justifier la PMA ?
N’existe-t-il pas pour les homosexuels d’autres moyens que la PMA et la GPA pour avoir des enfants ?
Bien loin d’un simple conflit entre « anciens » et « modernes », les enjeux de la légalisation de la PMA et d’une probable future légalisation de la GPA posent de nombreuses questions qui dépassent de très loin le simple aspect technique à ce jour maîtrisé, autant se les poser avant d’en être rendus aux excès de la marchandisation des corps et à un « droit à l’enfant » oublieux du « droit de l’enfant ».